Pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes ?

samu
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Attractive strong woman sailing with her boat

C’est un fait bien connu : en moyenne, les femmes vivent plusieurs années de plus que les hommes. En France, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les deux sexes est actuellement d’environ 6 ans en faveur des femmes (85,5 ans pour les femmes contre 79,5 ans pour les hommes).

Mais savez-vous pourquoi les femmes bénéficient de cette longévité supplémentaire ? De nombreux facteurs biologiques, comportementaux et sociaux peuvent expliquer cette différence. Décryptage de ce mystère qui intrigue les scientifiques depuis des décennies.

🕵️‍♀️ Les secrets de la longévité des femmes enfin révélés

💪 Les femmes sont-elles biologiquement avantagées ?

La piste génétique est l’une des principales hypothèses avancées par les chercheurs pour expliquer l’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes. Les femmes possèderaient des gènes et des hormones qui leur conféreraient une meilleure longévité.

Tout d’abord, les femmes sont dotées de deux chromosomes X, contre un seul chez les hommes (qui ont un chromosome X et un chromosome Y). Cette « double dose » de chromosomes X pourrait leur apporter une protection supplémentaire. En effet, si un gène important situé sur le chromosome X est défectueux ou muté, les femmes ont une « roue de secours » grâce à leur deuxième chromosome X. Les hommes n’ont pas cette chance.

Par ailleurs, certaines hormones féminines comme les œstrogènes semblent avoir des vertus protectrices pour la santé, en particulier pour le cœur et les artères. Les œstrogènes aident à réguler le taux de cholestérol et auraient des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Après la ménopause, lorsque le taux d’œstrogènes diminue, le risque de maladies cardiovasculaires augmente significativement chez les femmes.

A l’inverse, la testostérone, principale hormone masculine, est suspectée d’avoir des effets néfastes à long terme. Des taux élevés de testostérone sont associés à davantage de comportements à risque et à un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Enfin, le système immunitaire des femmes serait plus performant que celui des hommes. Les femmes développeraient une réponse immunitaire plus forte et plus rapide face aux agents pathogènes. Leur système immunitaire « vieillirait » également moins vite.
Cette meilleure immunité s’observe dès la naissance : les bébés de sexe féminin ont un taux de mortalité infantile plus bas que les bébés de sexe masculin.

Mais la génétique et la biologie n’expliquent pas tout. L’environnement et le mode de vie ont aussi un impact crucial sur l’espérance de vie de chacun.

🚭 Mode de vie : les femmes plus prudentes que les hommes

De manière générale, les femmes adoptent des comportements plus favorables à leur santé que les hommes. Elles fument moins, boivent moins d’alcool, ont une alimentation plus saine et consultent plus régulièrement un médecin. Tous ces facteurs jouent un rôle dans leur meilleure longévité.

Selon les derniers chiffres disponibles, 32% des hommes fument quotidiennement en France, contre 24% des femmes. Le tabagisme est responsable d’un décès sur huit chez les hommes, qui commencent à fumer plus tôt et fument plus que les femmes en moyenne.

La consommation d’alcool est également plus élevée et plus problématique chez les hommes. Ils sont 33% à dépasser les repères de consommation à faible risque, contre 14% des femmes. L’alcool est directement impliqué dans plus de 40 000 décès par an, dont les trois quarts chez les hommes.

Au quotidien, les hommes mangent moins de fruits et légumes que les femmes et sont deux fois plus nombreux à présenter une obésité abdominale, facteur de risque cardiovasculaire. Ils négligent aussi davantage leur suivi médical, avec moins de dépistages, une moindre observance des traitements et des consultations moins fréquentes.

Enfin, les hommes ont plus souvent des métiers pénibles physiquement ainsi que des hobby et comportements à risque (sports extrêmes, conduite dangereuse, bagarres…). Ils sont ainsi surexposés aux accidents du travail et de la vie courante. Chaque année en France, près de 3 hommes meurent accidentellement pour une femme.

💔 Des hommes plus durement touchés par les maladies graves

Certaines pathologies graves affectent davantage les hommes, en particulier sur le plan cardiovasculaire. Infarctus, AVC, insuffisance cardiaque… Ces maladies sont plus fréquentes et surviennent plus tôt chez les hommes.

Avant 65 ans, le taux de mortalité par maladies cardiovasculaires est 3 à 4 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. L’infarctus tue chaque année 2 fois plus d’hommes que de femmes en France.

Le cancer, première cause de décès en France, touche aussi davantage la population masculine avec 57% des nouveaux cas. On compte notamment 5 fois plus de cancers du poumon chez les hommes, en lien avec le tabagisme. Le taux de survie à 5 ans tous cancers confondus est de 52% pour les hommes et 63% pour les femmes.

Des différences hommes/femmes existent aussi pour les maladies respiratoires, le diabète, les maladies du foie… Dans la majorité des cas, les hommes sont plus touchés et en meurent plus que les femmes.

Bien qu’elles soient moins concernées par ces pathologies létales, les femmes souffrent plus souvent de maladies chroniques comme l’arthrose, l’ostéoporose ou la dépression. Des maladies invalidantes mais moins mortelles.

Selon certains chercheurs, les œstrogènes protègeraient les femmes des formes graves de certaines maladies. Cela expliquerait pourquoi de nombreuses pathologies se déclarent plus tard chez elles, après la ménopause.

😔 Le poids des inégalités sociales et des stéréotypes de genre

Les stéréotypes de virilité incitent encore beaucoup d’hommes à négliger leur capital santé. Fumer, boire de l’alcool, conduire vite, avoir une sexualité à risque… restent des marqueurs de masculinité valorisés par la société. A l’inverse, prendre soin de soi et consulter un médecin sont souvent perçus comme des signes de faiblesse.

Ces injonctions pèsent lourd sur la « santé mentale » des hommes. Ils sont ainsi moins enclins à exprimer leur souffrance psychique et à demander de l’aide. Le taux de suicide est 3 fois plus élevé chez les hommes, avec près de 20 décès par jour en France.

Les normes de genre traditionnelles jouent aussi sur la pénibilité au travail, plus marquée chez les hommes. Les métiers les plus durs physiquement (BTP, industrie…) sont encore très masculins. Et au sein d’une même profession, les tâches pénibles sont plus souvent attribuées aux hommes. Une usure au travail qui limite l’espérance de vie.

Enfin, les inégalités sociales et territoriales de santé affectent davantage les hommes. L’écart d’espérance de vie entre catégories sociales est de 6,4 ans pour les hommes, contre 3,8 ans pour les femmes. Un homme ouvrier vit en moyenne 6 ans de moins qu’un homme cadre. Les populations les plus défavorisées cumulent souvent faible niveau d’étude, pauvreté, chômage, logement insalubre… Autant de déterminants sociaux néfastes pour la santé.

Améliorer la santé des hommes est donc un enjeu majeur de santé publique et de justice sociale. Cela passe par des campagnes de prévention dédiées, un accès aux soins renforcé mais aussi une lutte contre les inégalités sociales et les stéréotypes de genre.

💖 L’espérance de vie des hommes rattrape peu à peu celle des femmes

La bonne nouvelle, c’est que l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes tend à se réduire depuis quelques décennies. En 1994, l’écart était de 8,2 ans en France. Il est descendu à 6 ans en 2022. Et il devrait continuer à diminuer dans les prochaines années selon les projections démographiques.

Cette réduction s’explique par un recul plus rapide de la mortalité masculine, notamment grâce à une diminution des morts prématurées (avant 65 ans). Les hommes fument moins, boivent moins, ont des emplois moins pénibles et bénéficient de progrès médicaux spectaculaires.

Par exemple, la mortalité par cancer du poumon, qui touche majoritairement les hommes, diminue depuis le milieu des années 1990 sous l’effet d’une baisse du tabagisme masculin. De nouveaux traitements très efficaces font également reculer la mortalité par cancers et maladies cardiovasculaires.

A l’inverse, les femmes ont adopté certaines habitudes néfastes autrefois réservées aux hommes, comme le tabac et l’alcool. Dans les jeunes générations, elles fument désormais presque autant que les garçons. Cette évolution des comportements féminins freine les progrès de leur espérance de vie.

Par ailleurs, les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes à responsabilité et à subir un stress chronique au travail, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé à long terme.

Malgré ces évolutions, un écart persiste entre les sexes. Les démographes estiment qu’il y aura toujours un avantage féminin d’au moins 2 à 3 ans, pour des raisons essentiellement biologiques.

Hommes et femmes peuvent cependant agir pour préserver leur capital santé et « donner de la vie à leurs années ». Adopter des comportements bénéfiques (activité physique régulière, alimentation équilibrée…), participer aux dépistages, ne pas négliger sa santé mentale… Des réflexes essentiels à tout âge pour bien vieillir et profiter pleinement de sa retraite, qu’on soit un homme ou une femme ! 👵👴

En conclusion, l’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes s’explique par une combinaison complexe de facteurs biologiques, comportementaux et sociaux. Si les femmes semblent « naturellement » avantagées, le mode de vie et l’environnement social jouent un rôle crucial. L’évolution des mentalités et des comportements laisse espérer une réduction progressive de cet écart dans les décennies à venir. En attendant, chacun à son niveau peut agir au quotidien pour préserver son capital santé le plus longtemps possible.

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